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God save the gouines.

Blog opératoire : la badasse s'en va-t'en guerre.

Page principale - Brouillons

Vestiges d'inflammation émotionnelle.

--> En faisant mes fonds de tiroir...

... pour mon grand nettoyage d'été, j'ai retrouvé... ceci. Datant de mon époque "j'aime personne et surtout pas moi même, je m'enferme dans mon appart avec les volets fermés et la vaisselle salle, qu'est c'qu'on est bien confiné au chaud dans sa merde" en phase terminale. Ca vaut le détour.

Des incontournables :

# les gens : vivent au sens où ils l'entendent, masse de sans-visages, sans identité, saveurs inexistantes définies par leur fonction au sein d'un univers méchanique, incompris car incompréhensible, domaine de la satisfaction immédiate de désirs factices auto-générés.
# l'Autre : des êtres prétendent s'aimer, en ne voyant en l'Autre qu'un reflet plus ou moins déformé de leur propre image idéalisée. "Je te vois, tu me vois, le premier qui rira..."
# les mômans : aiment leur(s) enfant(s) jusqu'à leur sacrifier volontairement une part de ce qui les constitue, annihilant du même coup leur altérité, les réduisant à une reproduction miniature de leur impuissance, de leurs névroses, obsessions, fatalité, douleurs, et si ça ne va pas de soi il faudra les leur infliger, qu'ils souffrent par ma main, qu'ils apprennent ce qu'est la vie, qu'ils hurlent leur malheur afin que je puisse les prendre dans mes bras, les consoler et me donner enfin l'illusion d'exister.
# les ados (plongée au coeur d'un Problème de nos modernes sociétés, et survivance d'une remarque redondante de mon troublé passé, "laisse, elle fait sa crise d'adolescence, ça lui passera") : fusionnés en une structure mercantile, consommants consommables, jetants jetables, perdants perdus brûlant les étapes vers une fin inatteignable et fondamentalement insignifiante.
# Elle : petite fille traînant le poids de son corps blessé dans son douloureux univers, monde d'humiliations, de frustrations, de silence et de colère ravalée, d'où finit par éclore le sentiment d'horreur absolue qui la pousse à se taillader les poignets avec le beau rasoir de papa. Pas parce qu'elle souhaite mourir, mais la punition, n'est-ce pas la rédemption, la porte ouverte à un divin pardon, malgré sa saleté, ce ramassis d'immondices qu'elle est, qu'elle se sent être, au plus profond d'elle-même, définitivement, son pêché, sa faute inexpiable ? Voudrait-elle s'auto-dégeuler sur un sol jonché d'ordures, berceau idéalisé, dégobiller son essence, vagues fluctuantes et pitoyables borborygmes, se répandre en une surface anonyme, s'annihiler en tant qu'elle ? Ma geule dans le miroir est insupportable, yeux vides, délavés, je ne sais plus comment on fait pour sourire, et puis d'abord, qu'est-ce que ça veut dire déjà ? Autoportrait de notre destruction ?
# Elle, le retour : la petite fille ne sait pas Qui elle est, elle n'a conscience d'elle-même qu'en tant que masse. La douleur, à essayer, pourrait la faire se sentir exister, elle a peur, condition du conditionnel, on verra plus tard se dit-elle. Rien de plus beau et innocent qu'un enfant, gestes malhabiles mais spontanés, curiosité/humanité/intégrité, elle a vu ça dans des livres d'images dont les titres lui sont encore inconnus, elle ne s'y reconnaît pas, "au secours" ta geule lui dit-on tu vas pleurer
p     q     c
 o      u     h
  u       e     o
   r         l      s
              q      e
               u
                e
Grandis, grandis, tu verras bien, je suis ton alter-ego, un jour tu sauras, la beauté, où la trouver. Je t'aime.
# la religion (un grand classique) : Dieu n'est pas ici. Doctrine déifiée, divinité bafouée, obscurantisme dominant, fanatiques militants et ma croix dans ta geule. Le paganisme a la vie dure en tant qu'adulation satanique, preuve ineffable de l'absolue tromperie dans laquelle se vautre avec contentement la créature-image de l'Etre suprême.
Quiconque ne portera pas son signe ostensible sera blasphémateur. On ne montre pas du doigt, les enfants sont bien dressés, exorcisés si besoin est. La ciconcision se pratique en milieu clinique, l'excision de manière plus radicale, rurale, car la condition des femmes ne change pas, on n'a pas encore entendu parler de dignité parmis les agneaux de Jahvé.
Honni soit celui qui jette la première pierre, et bénie soit celle qui la reçoit en pleine face. La bouchée de fruit défendu se paie cher au royaume des ignorants mystifiés.
Mystique de groupe, avant de t'occupper de la poutre qui est dans ton oeil, utilise la paille de celui de ton voisin pour allumer une lueur de folie collective dans ceux de tous. Guidé par le prophète, n'aie pas peur, renonces à vivre, ces années ne sont qu'un passage, le royaume de Sion attend l'éternité des âmes pures. L'homme n'est qu'un pêcheur en attente servile de rédemption, l'échine courbée en une pitoyable attitude d'imploration suppliante, conscience de la honte latente, indéfinissable, haïssable, contagion en liberté à l'ère de l'aseptisé.
La sorcière est à l'abri du bûcher purificateur, l'athée dégénéré ne sera plus torturé, mais priez pour eux, qu'ils crèvent assez vite et douloureusement pour atténuer leur faute incrédule.
Nous sommes la légion des innombrables, et nous possédons la Vérité.
# et enfin, un ultime dégeuli, comme d'habitude, et histoire de rester dans un ton on ne peut plus positif, gai et enjoué : quand la simplicité se fait besoin impérieux, quête de tous les instants, dépassement de la rage bouillonnante, afficher un visage impassible alors que les hurlements affleurent de peau, grincements de dents machiavéliques au sein de rêves redondants, terreurs nocturnes suintant progressivement à la face du jour, constat de sa propre nullité, etc, etc (t'as fini oui ?)...
Prend une lame et ouvre tes chairs, définis au coeur d'une surface plane, douce, nacrée, deux lèvres rouges, sourire obscène, porte ouverte sur les méandres de ton être matériel, le seul qui soit, qui puisse être, tu le sens, tu le vois, la puanteur des fluides libérés exaspère tes narines, le délire du fou, du coup, n'a plus de sens.
Ou autre : bois la coupe du liquide brûlant jusqu'à la lie, métaphore lymphatique du goulot de la fiole aux emmerdes, remplis tes cellulles de la substance étrangère, imbibe ta bouille cérébrale de ses vapeurs agressives jusqu'à oublier la honte que tu éprouves à l'idée du bienfait, de la satisfaction procurés par l'expulsion violente du trop plein de toi-même sur tes Babies neuves.
Entre autres choses.

Voilà voilà, c'était très bien, et maintenant que c'est terminé, je vais pouvoir balancer gaiement toute cette paperasse au recyclage, une âme forte s'en servira pour fabriquer du PQ bas de gamme pour tous ces crevards de pauvres, et le monde s'en portera, j'en suis certaine, beaucoup mieux.
Quant à moi, ça va très bien, merci.

Ecrit par kaleria, le Samedi 16 Juin 2007, 00:39 dans la rubrique "# Niouzes".

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