Un monde s'écroule (entre autres).
Les temps furent durs, la survie compromise. Il fallu se battre pour trouver pitance, se confronter au monde extérieur, sortir des sentiers battus et regarder en face d'inconnus faciès. Dans ce monde brutal et sans merci, il était normal que l'écroulement du plafond du Monoprix sur la tête des pauvres glandus qui squattaient le rayon charcuterie sous cellophane soit aussi lourd de conséquences pour ma personne, pourtant cantonnée au rayon pain. C'est triste, mais révélateur. La vie n'est plus ce qu'elle était, ma petite dame. Ewoui.
Tout est rentré dans l'ordre très vite cependant : moi qui tablait sur trois semaines de fermeture minimum, en trois jours la chose fut bouclée. La force du fric et des denrées périssables, moins on en a moins on y croit, et pourtant.
Ouf, quoi.
Là dessus surgissent de toute part des emballages brillants, sonoriquement croustillants, des boîtes dix sept pouces diffusant fixement l'image de la tentation absolue pour les neuf dixièmes des individus de sexe féminin à l'approche des fêtes de fin d'année. Qu'en dira le maillot de bain six mois plus tard ? Elles peuvent bien se le demander, ça n'empêche pas le saccage systématique des rayons. Les lois de la physique s'en trouvent bafouées, mes certitudes ébranlées. Rien n'va plus.
Ma boîte aux lettres commence lentement à se remplir de brochures colorées en papier glacé se donnant pour but avoué de me faire achetter tout plein de merdouilles taïwannaise destinées à des chiards que je n'ai pas. Je vais finir par craquer et me procurer une poupée Dora dans les plus brefs délais, au train où vont les choses.
(Petit apparté à destination du sex-symbol de la rue d'à côté : si tu m'entends, prends-en bonne note et en vitesse ==> y a ton salaire parmis les prospectus.)
Au milieu de cette débauche d'offres, je réfléchis sérieusement à la possibilité de récupérer ma télé et de m'arranger pour capter MTV. Je suis sûre qu'il y a également moyen de me trouver un petit frigo à prix abordable que je pourrais ranger sous mon bureau et remplir de coca light et de bière bon marché (celle dans des cannettes en fer qui lui filent ce goût si caractéristique), histoire de me désaltérer entre deux séances de clips merdiques. Comme si je ne m'en gavais déjà pas assez. Oui mais non, il faut parfois faire l'effort de les chercher. Et CA, c'est Mal.
C'est beau, un rêve, tout de même.
A côté de ça, et pour supporter l'absence présente de frigo, j'inflige à mes voisins des vocalises ignobles sur les chansons les plus nazes du moment (à savoir les productions affolantes de Mylène et Lorie, leurs derniers albums respectifs étant très prolifiques). Il m'arrive même de danser en soustif, en même temps, voire les deux, oubliant toute dignité. Peu importe, puisqu'il n'y a personne pour le voir, rien ne m'empêchera de me passer la main sur les yeux une bonne demi-douzaine de fois par jour en faisant volontairement clasher idéologie nazie et dure réalité.
Ce qui, logiquement, me fait dire que les plus fous sont les moins bavards.
(Aujourd'hui, deux électrons libres dans la scène de mes favoris :
- Lien 1 parce que si on laisse l'adresse telle qu'elle c'est moche.
- Lien 2 ainsi nommé par manque d'inspiration.)
Ecrit par kaleria, le Dimanche 30 Novembre 2008, 18:19 dans la rubrique "# Niouzes".