Des suites de la rentrée.
Outre le fait de m'obliger à me lever le matin, et du coup de me mettre de très mauvaise humeur et pas du tout portée à me montrer compréhensive avec mes petits camarades et à ne pas leur bouffer les oreilles ou autres joyeusetés, la rentrée aura une fois de plus eu le mérite de me donner de beaux sujets d'indignation.
J'y peux rien, c'est quand ça choque mes convictions personnelles.
Dernier exemple en date : le contenu de l'une de nos UE (douce et surtout moderne contraction d'Unité d'Enseignement, manière pas du tout pompeuse d'appeler une matière), sensée tourner autour d'une préparation théorique à l'entrée dans le monde du travail, via la poursuite d'études en master (ou non). En gros, un bête topo sur les débouchés que l'on sait être ce qu'ils sont (c'est-à-dire vachement réduits), en tout cas largement pas de quoi nous occuper plus de trois heures. Sauf que l'unité représentera quand même... trente-six heures de notre semestre. Top classe, que ça s'annonce. J'me demande bien ce qu'ils vont pouvoir nous raconter en trente-six heures, dis donc.
D'autant plus que quand j'ai vu les premières, déjà, j'ai pas été déçue. En deux temps :
- promotion en bonne et due forme d'une poursuite d'études après la licence, dans la même fac évidemment, et dans la même filière sinon on va te taper sur les doigts ma fille. Vrai que seulement sept pauvres étudiants en master Lettres cette année ça fait tache sur le papier... puis comment faire vivre une fac sans clanpins qui raquent aussi ? (Tout ça pour être logés dans des salles pourries appartenant à un bâtiment même pas aux normes de sécurité, avec une accoustique de merde, pas assez de tables ni de chaises, pas assez de place tout simplement, en gros les zones sinistrées de la fac... bien vu l'artiste, c'est sûr t'as envie de rempiler dans ces conditions.) Ca aussi ça fait tache, et pas seulement sur l'papier. Tout ça, bien entendu, sans nous préciser que le concours machin et le concours bidule (mais si, tu sais, ceux qui ne dépendent PAS de la réforme du CAPES, toutes ces conneries), tu peux très bien les passer avec une licence... si, si, elle dit vrai la dame, je t'assure. Comme si on avait tous les moyens et l'envie de s'enquiller deux ans d'études en plus pour des débouchés finaux similaires, ou peu s'en faut... nan mais j'vous jure.
- et comme si ça suffisait pas, pendant une autre heure après ça on te dit comment tu dois faire un CV, comment il faut que tu présentes bien pour te trouver un stage, dans quels domaines faut pas que t'ailles parce que le marché est pas tip-top, tu pourrais éventuellement en chier (alors que tu l'savais très bien ça à la base, que les Lettres ça allait te couler niveau emploi au final, sinon t'aurais fait du tourisme, pas fou non plus), et puis comment il faut te vendre (quand-même), et puis pourquoi c'est bien d'avoir un bon métier qui paie comme y faut (on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher), et puis que le RMI c'est caca... j'exagère, à peine.
Bref, tout ça pour dire que franchement, leur trente-six heures d'approche théorique de l'insertion sociale, ça mériterait des parpaings.
Déjà que pour vouloir passer quarante-deux (attention, bientôt quanrante-cinq) ans de sa vie à taffer, il faut quand-même ne pas avoir grand-chose d'autre à foutre. Alors imaginer commencer pendant qu'on boucle tranquillement ses petites études, au lieu d'en profiter pour glander au maximum pendant que c'est encore possible, ou tenter de nous pousser à développer l'idée si on n'y est pas encore venus par nous-mêmes, je trouve la chose absolument inhumaine. Vachement gerbatoire. Et sujet à moults râlages, ce qui, en soi, n'est pas si mal que ça.
Evidemment qu'on me l'a déjà faite : "mais ma pauvre fille, qu'est-ce-que tu crois ? LA SOCIETE ELLE EST COMME CA ET PUIS T'Y PEUX RIEN. Vas donc te conformer sale feignasse, sinon tu finiras au ban de la collectivité, t'auras plus qu'à manger de la bouffe du Liddle en regardant la dix-septième saison de Plus belle la Vie dans ton pitoyable vingt mètres carrés pour oublier ton échec social. T'auras plein de chats pour compenser l'absence de mômes et aucune ambition pour relever le niveau, plis d'algent, plis d'amis, beaucoup dis z'énémis, de toute manière la marginalité ça n'paie pas et faut grandir un jour, non mais oh, VILAINE !"
Si l'on considèrait la bière comme une fin en soi, l'échec social ne serait pas si mal perçu. Les gens sont juste obtus. C'est balot.
Puis je n'ai rien d'une révolutionnaire moi, je n'suis vaguement marginale que par nécessité. Qu'on me fiche la paix, sinon voilà, je me met à râler, et ça donne des articles extraordinaires sur des blogs lus par des centaines de millier de personnes super influentes partout dans le monde.
Comme quoi je ne mesure vraiment pas la portée de mes actes.
Puis la vie c'est du divertissement quoi, faut assumer un peu au lieu de pointer les feignasses du doigt accusateur de la non lucrativité.
En digne amoureuse de la flore, je milite pour la protection des baobabs manuels.
Et puis comme dirait l'autre, dont il convient d'écouter au plus vite une sansson, voire de regarder un live pas trop moche sur YouTube : "I never try anything, I just do it".
Ecrit par kaleria, le Jeudi 15 Janvier 2009, 23:41 dans la rubrique "# Niouzes".