Talaraj
--> et moi itou, gros-se con-ne.
Voilà encore sur quelle merde je suis tombée en fouillant parmi mes contacts sur Faceploucs (le ménage a été fait depuis, c'était il y a dix minutes).
Où nous apprenons gaiement qu'il fait vraiment bon être une feignasse en France (surtout avec cinq enfants, et quand l'alternative c'est... le SMIC !). Où nous apprenons aussi qu'il y en a qui ne voient pas le problème dans le fait de loger sept personnes dans un appart à 550 balles d'impôts locaux par an. J'sais pas, ils sont trois par pièce, et le p'tit dernier dans le placard ou les chiottes ? Où nous apprenons également que la redevance télé, c'est automatique (du pain et des jeux, Splash sinon je m'immole).
J'ai même pas voulu tenter d'aller vérifier les chiffres donnés dans cette saloperie pour les allocs. Il me semble que là n'est pas le problème : l'idée de base est juste ahurissante et les postulats sur lesquels s'est basé l'auteur, surréalistes.
Les commentaires sur lesquels je suis tombée en "traçant" vite fait l'image ne l'étaient pas moins. Qu'on en juge : il faudrait supprimer tout ça parce que ça n'incite pas les gens à travailler. Allô, nan mais allô quoi, que quelqu'un (de préférence un homme en haut de l'échelle sociale et bien payé, un self made man des Trente Glorieuses ou un fils de, parce que moi tu penses bien qu'on va me rire au nez si j'essaie) leur parle des 10% (à la louche) de chômage en France, et de la manière dont procèdent certains pays européens dont les statistiques semblent un peu meilleures pour qu'elles le soient. Expliquez-leur que c'est la misère partout, et que c'est pas sur la famille en dessous qu'il faut aller déverser son fiel mais sur les énarques du dessus et les copains à Parisot. Racontez-leur l'origine de la justice redistributive, des aides, des allocs, de la CMU, tout l'intérêt de faire en sorte que TOUTE la population ait de quoi subvenir à ses besoins élémentaires et dispose d'un petit (voire d'un gros, mais après on va encore me taxer d'utopiste) pécule à dépenser tous les mois, histoire de faire marcher un peu le commerce sans que les gens crèvent de faim dans la rue (qu'au demeurant on a tendance à exiger bien propre, débarrassée de tous ces sales clochards qui viennent mendier sous les distrib'banques en nous faisant culpabiliser pendant environ trente secondes). Citez-leur en exemple quelques-uns de nos voisins des 27 et ressuscitez Action Directe. Détaillez-leur les nouvelles mesures du projet de loi adapté depuis l'ANI et montrez-leur que le problème c'est ça et pas autre chose. Que les galères sont proches, avec le grand black qui battra la mesure sur la percu à l'arrière et les gens qui rameront comme des gros cons avec pas le droit de se plaindre sous peine de se faire jeter, et juste pour eux le plaisir infini de cracher sur celui qu'on estime un peu plus privilégié parce que certes s'il mendie, il est encore resté sur terre, lui. Pendant ce temps, Sellière, Lagardère, Bouygues et compagnie engraisseront comme de gros déchets en haut de leurs jardins suspendus. Accessoirement, on aura foutu dehors tous ces sales arabes, parce que contrairement aux blacks, il n'ont pas le sens du rythme, et puis parce que leur culture, comme le résume si bien Huntington, est incompatible avec la notre (héritage crétin de l'Europe). Le choc des civilisations qu'il disait, l'autre con. Et puis de toute façon, ces bougnouls, tous des feignasses. Disséquez-leur la fabuleuse logique de ceux qui prônent le droit à la paresse, logique compréhensible par un gamin de 5 ans, et qui dit que : "à moins on travaille d'heure par semaine et par personne, à plus il faut de personnes qui travaillent". Balancez-leur à la tronche l'aveu du FMI, des décennies après (sans doute qu'un gamin de 5 ans aura fini par se faire entendre), comme quoi oh ben merde, effectivement, on s'était peut-être planté d'une ligne sur la calculatrice en essayant de mesurer l'impact des politiques d'austérité, et que peut-être, affamer les gens n'était pas la meilleure des solutions. Secouez-les, mettez-leur des coups de pompes au cul, foutez-les au RSA avec 5 enfants, qu'ils profitent de leurs vacances prolongées, du T2 à Cergy qui va avec et de la culpabilisation constante par toutes les institutions et 99% des individus (qu'on a pris l'habitude de penser en termes de pourcentages et-c'est-bien-normal-ma-pauvre-Lucette). Sûr que ça doit être quinze fois mieux que la menace d'être foutu à la porte, non-renouvelé à l'issue de son douzième CDD, délocalisé dans le Gers (ou pire à Paris), ou (bientôt, ne soyez donc pas si impatients) de voir son quota d'heure d'esclavage augmenté et son salaire de misère réduit en échange d'une pseudo-promesse temporaire de ne pas te faire foutre dehors. Sous réserve de leur avoir bien sucé la bite (pour les travailleuses) ou léché le cul (pour les travailleurs) avant, évidemment.
Connards, abrutis et vautours. Un de mes maître à penser disait : "t'en flingues trois pour l'exemple, tu les mets au boulot pendant une semaine, genre pizza pour tout le monde et personne sort de la salle, et si au bout de cette semaine les choses ne vont pas mieux, hop, encore trois autres. Jusqu'à ce que ça s'améliore." Ben, ouais.
Ecrit par kaleria, le Lundi 11 Mars 2013, 21:49 dans la rubrique "# Niouzes".
Commentaires
Anonyme
19-03-13 à 13:48
Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau se chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager. La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille ; ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est maintenant vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température de l’eau va ainsi monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite.
Plongée dans une marmite à 50°, la grenouille donnerait immédiatement un coup de pattes salutaire et se retrouverait dehors.
Cette expérience (que je ne recommande pas) est riche d’enseignements. Elle montre que lorsqu’un changement négatif s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte.
C’est exactement ce qui se produit dans la société où nous vivons. D’année en année, on observe une constante dégradation des valeurs, laquelle s’effectue cependant assez lentement pour que personne - ou presque - ne s’en offusque. Pourtant, comme la grenouille que l’on plonge brusquement dans de l’eau à 50°, il suffirait de prendre le Français moyen du début des années 80 et, par exemple, de lui faire regarder la TV d’aujourd’hui ou lire les journaux actuels pour observer de sa part une réaction certaine de stupéfaction et d’incrédulité. Il peinerait à croire que l’on puisse un jour écrire des articles aussi médiocres dans le fond et irrespectueux dans la forme que ceux que nous trouvons normal de lire aujourd’hui, ou que puissent passer à l’écran le genre d’émissions débiles qu’on nous propose quotidiennement. L’augmentation de la vulgarité et de la grossièreté, l’évanouissement des repères et de la moralité, la relativisation de l’éthique, se sont effectués de telle façon - au ralenti - que bien peu l’ont remarqué ou dénoncé.
De même, si nous pouvions être subitement plongés en l’an 2022 et y observer ce que le monde sera devenu d’ici là, s’il continue de dévaler la pente sur laquelle il se trouve, nous en serions sans doute encore plus interloqués, tant il semble que le phénomène s’accélère (accélération rendue possible par la vitesse à laquelle nous sommes bombardés d’informations nouvelles et en oublions le reste). Notons d’ailleurs que les films futuristes s’accordent pour ainsi dire tous à nous présenter un futur certes " hyper-technologique " mais surtout des plus lugubres.
Chaque fois qu’un changement est trop faible, trop lent, il faut soit une conscience très aiguisée soit une bonne mémoire pour s’en rendre compte. Il semble que l’une et l’autre soient aujourd’hui chose rare.
Sans conscience, nous devenons moins qu’humain.
Sans mémoire, nous pourrions passer chaque jour de la clarté à la nuit (et inversement) sans nous en rendre compte, car les changements d’intensité lumineuse sont trop lents pour être perçus par la pupille humaine. C’est la mémoire qui nous fait prendre conscience a posteriori de l’alternance du jour et de la nuit.
Gavée par trop d’informations inutiles, la mémoire s’émousse.
Abrutie par un excès de stimulations sensorielles, la conscience s’endort.
Et notre civilisation s’enfonce ainsi dans l’obscurité spirituelle, avec le délitement social, la dégradation environnementale, la dérive faustienne de la génétique et des biotechnologies, et l’abrutissement de masse - entre autres symptomes - par lesquels elle se traduit.
Le principe de la grenouille dans la marmite d’eau est un piège dont on ne se méfie jamais trop si l’on a pour idéal la recherche de la qualité, de l’amélioration, du perfectionnement, si l’on refuse la médiocrité, le statu quo, le laisser-faire.
Incidemment, ce principe fonctionne aussi au positif et même en cela il peut nous jouer des tours. Les efforts que l’on fait quotidiennement provoquent eux aussi des changements - positifs, cette fois - mais parfois trop faibles pour être immédiatement perçus ; ces améliorations sont pourtant bien là, et à ne pas les observer, certains se laissent décourager à tort.
Comment, alors, ne pas succomber au piège du principe de la grenouille dans la marmite d’eau, individuellement ou collectivement ?
En ne cessant d’accroître sa conscience, d’une part, et en conservant un souvenir intact de l’idéal et des buts que l’on s’est fixés.
L’entraînement et le développement de la conscience sont l’un des points communs de toutes les pratiques spirituelles : conscience de soi, conscience du corps, conscience du langage, conscience de ses pensées, conscience de ses émotions, conscience d’autrui, etc. Au-delà de tout dogme, de toute doctrine, de toute idéologie, l’élargissement et l’accroissement de la conscience devraient donc être considérés - bien plus que le développement des seules facultés intellectuelles - comme un comportement fondateur de notre statut d’humain et comme un moteur indispensable à notre évolution.Repondre a ce commentaire
kaleria
24-03-13 à 15:13
Ah, le fameux principe de la grenouille chauffée, Olivier Clerc© : intéressant à première vue, bien qu'un coup d'œil sur la bibliographie de l'auteur me fasse légèrement hausser le sourcil.
Edit : je m'explique. Genre Vivre ses rêves : comment programmer ses rêves et induire des rêves lucides (au rayon développement personnel de l'espace culturel Leclerc le plus proche), La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite… et autres leçons de vie (des leçons de vie, non merci, on tente déjà bien assez de m'en inculquer à longueur d'année), ou encore Mettre de l'ordre en soi : séparez le réel du virtuel avec le Tamis à 4 Étages !
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