Le Droit à la paresse
--> Paul Lafargue
"Dans la baraque, on débutera par la Farce électorale.
Devant les électeurs à têtes de bois et oreilles d'âne, les candidats bourgeois, vêtus en paillasses, danseront la danse des libertés politiques, se torchant la face et la postface avec leurs programmes électoraux aux multiples promesses, et parlant avec des larmes dans les yeux des misères du peuple et avec du cuivre dans la voix des gloires de la France ; et les têtes des électeurs de braire en chœurs et solidement : hi han ! hi han !
Puis commencera la grande pièce : Le Vol des biens de la nation.
La France capitaliste, énorme femelle, velue de la face et chauve du crâne, avachie, aux chairs flasques, bouffies, blafardes, aux yeux éteints, ensommeillée et baillant, s'allonge sur un canapé de velours ; à ses pieds, le Capitalisme industriel, gigantesque organisme de fer, à masque simiesque, dévore mécaniquement des hommes, des femmes, des enfants, dont les cris lugubres et déchirants emplissent l'air ; la Banque à museau de fouine, à corps de hyène et mains de harpie, lui dérobe prestement les pièces de cent sous dans la poche. Des hordes de misérables prolétaires décharnés, en haillons, escortés de gendarmes, le sabre au clair, chassés par les furies les cinglant avec les fouets de la faim, apportent aux pieds de la France capitaliste des monceaux de marchandises, des barriques de vin, des sacs d'or et de blé. Langlois, sa culotte d'une main, le testament de Proudhon de l'autre, le livre du budget ente les dents, se campe à la tête des défenseurs des biens de la nation et monte la garde. Les fardeaux déposés, à coups de crosse et de baïonnette, ils font chasser les ouvriers et ouvrent la porte aux industriels, aux commerçants et aux banquiers. Pêle-mêle, ils se précipitent sur le tas, avalant des cotonnades, des sacs de blé, des lingots d'or, vidant des barriques ; n'en pouvant plus, sales, dégoûtants, ils s'affaissent dans leurs ordures et leurs vomissements..."
Intemporel.
Ecrit par kaleria, le Mardi 3 Juillet 2012, 12:00 dans la rubrique "# Niouzes".
Commentaires
Anonyme
04-07-12 à 00:19
Vive les vacances
Le corps de Chloé Delaume est né le 10 mars 1973 dans le département des Yvelines. Il ne se destinait à
rien, aussi s'est-il inscrit en Lettres Modernes à l'orée de ses dix-huit ans. L'Université de Nanterre Paris X comportant la spécificité d'être en face de la gare et de l'ANPE, il n'acheva pas son mémoire de Maîtrise
sur La 'Pataphysique chez Boris Vian et s'engouffra de lui-même dans le premier train menant nulle part.
Le wagon s'avéra bondé et le terminus incertain. Avoir une prise sur le réel restait un geste hors de portée,
nom prénom imposé par d'autres, existence soumise statistiques, déterminisme avide de tout pas de côté,
subir son existence en figurante passive il était une fois moi c'est-à-dire pas grand-chose. Cette histoire ne
lui disait rien, alors je suis intervenue.
etc...
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Anonyme
06-07-12 à 19:20
L'horreur, ce n'est pas la mort, mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir. Ils n'ont aucune considération pour elle et ne cesse de lui pisser, de lui chier dessus. Des copulateurs sans conscience. Ils ne s'obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe. Sous leur crâne, on ne trouve que du coton. Ils gobent tout, Dieu comme la patrie, sans jamais se poser la moindre question. Mieux, ils ont vite oublié ce que penser voulait dire, préférant abandonner à d'autres le soin de le faire. Du coton, vous dis-je, plein le cerveau ! Ils respirent la laideur, parlent et se déplacent de manière tout aussi hideuse. Faites leur donc entendre de la bonne musique, eh bien ils se gratteront l'oreille. La majeur partie des morts l'étaient déjà de leur vivant. Le jour venu, ils n'ont pas senti la différence.
C.B
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