God save the gouines.

Veuillez laisser l'État dans les WC où vous l'avez trouvé en entrant.

Avec le temps va tout s'en va ou l'inverse. Et donc, moi qui n'aime pas faire comme tout le monde, ai eu la chance et l'irrémédiable avantage de m'approprier en quelques mois tout un passé et un présent qui, ma foi, me manquaient plus que je ne pouvais l'imaginer Avant. Before. B4.
Premier effet, évidemment, j'ai l'impression de mieux comprendre le monde qui m'entoure, comme ils disent sur la quatrième de couverture des manuels scolaires de chez Hatier. Cependant, plus ça va, plus je me dis qu'en réalité j'avais déjà compris bien avant ne serait-ce que d'y avoir réfléchi deux minutes : monde de merde, point. Cela dit c'est tout de même pratique d'avoir l'air de savoir ce que l'on dit, ça permet de ne plus en avoir rien à foutre de gueuler sur les gens et d'être une connasse dite « mal baisée » dite « aigrie », une véritable morue, vu que non seulement on SAIT, mais qu'en plus on peut expliquer pourquoi. Et ça, c'est cool. Le double effet kiss cool, évidemment, ce que j'ai maintenant environ trente fois plus de sujets pour m'énerver. Et comme j'ai également cette très vilaine tendance à me sentir abominablement vivante quand je m'énerve (et aussi quand je m'envoie en l'air, mais ça se fait rare ces derniers temps, je crois que le capitalisme conquérant, l'esprit d'entreprise et le statut de stagiaire sont en train de tuer mon couple et ça ne va pas se passer comme ça bordel de merde), je passe dernièrement quantité de très bonnes journées. Je ne m'ennuie JA-MAIS. À peine un petit coup de trafalgar de temps à autre devant le triste constat de ce qu'il reste maintenant à accomplir pour être capable de soutenir des idées politiquement correctes sans paraître totalement nunuche devant le jury d'ici quatre mois-c'est-sans-doute-très-bon-mais-la-demi-mesure-vous-savez-messieurs-dames-moi-ça-me-donne-envie-de-tuer-quelqu'un-et-c'est-comme-la-vie-sans-toi-saaaans-touahaaaa-je-sais-pas. Plus ça va moins je m'en sens capable. J'envisage de me reconstruire un projet d'avenir en forme de « butte un connard et barre-toi à Cancun ma vieille, c'est tout ce qu'il te reste à faire ». J'ai constamment envie de lire, c'est une horreur, je bouffe jamais assez de bouquins, des fois ça monte à quatre, cinq par jours et tout le budget y passe. Je suis devenue vulgaire, très vulgaire, et c'est plaisant, très plaisant, je ne vois vraiment pas pourquoi s'emmerder à pratiquer l'art de la politesse alors que les trois quarts des gens te prennent pour un con/un conne/« monsieur ah pardon mademoiselle mais il est vrai que le doute étais permis huhuhu » (coup de coude à la copine de caisse) mais OH TU VAS LA FERMER TA GUEULE GROSSE POUFFIASSE ? Bon Dieu, et j'ai toujours pas de sécu depuis septembre, aucune importance mais bon, ces connards me prennent pour une bille... et Free m'a refilé un putain de forfait Algérie, téléphonie mobile illimitée et chaînes de télé alors que bon sang de bon soir je ne l'ai pas la foutue télé, et quand je leur ai sonné les cloches ils ont encore été foutus de me dire que c'était moi qui avait souscrit à toutes ces merdes, nan mais sérieux.
Du coup je ne suis plus polie, je ne suis plus gentille, je ne culpabilise plus de me tenir avachie comme un bouset partout où que je me pose. Des fois, j'en rajoute même dans la caricature, histoire de, et puis c'est pour ça qu'on m'aime. J'ai encore un peu de mal à fusiller les emmerdeurs du regard mais ça va venir (viendra sans doute aussi le moment où je m'en prendrai une mais bon, ça sera pas la première fois, et en plus il est grand temps que je change de lunettes). Nulle et Grande Gueule. Brûle et brûle. Je vous dis merde.
Du coup voilà, c'est très libérateur tout ça, mais ça ne nous dit pas comment je vais faire pour gagner des sous d'ici 2014 (oui parce que mine de rien, la princesse a encore un peu de temps devant elle pour tenter de décrocher un truc qui ne la fera pas trop chier). J'envisage régulièrement de devenir aiguilleuse de train ou jardinière à la mairie de Toulouse (petit patelin de province visité le week-end dernier, comportant environ 25 librairies super chouettes au mètre carré, sympa tout plein)... jardinière... de légumes... fruits z'et pastèques, coquillages z'et crustacés, gémissements des crevettes... femme à lunettes.

Première descente aux enfers par la face nord.
Derrière les rochers... call me (my love) <== very good ça, faites-moi le plaisir d'écouter bande de zoufs

Et sinon j'ai quand-même fais la connaissance de pas mal de gens très sympas avec lesquels je peux échanger plein de livres super cools (donc épargner quelque peu mon portefeuille) et parler de Wendy delorme, Chloé Delaume et Joyce Carol Oates sans qu'on m'explose de rire à la tronche. On a la bouche pleine de sang (et de fiel) et on rit...
Là, je lis une BD : ta gueule.

Ecrit par kaleria, le Lundi 13 Février 2012, 14:49 dans la rubrique "# Niouzes".

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