God save the gouines.

Les joies du verbe...

--> les voies de la gerbe.

Bon ça y est, j'ai déménagé, les cartons sont déballés ou presque et tout va bien idem.
Les casseroles s'empilent en vrac dans la cuisine et les bouquins s'entassent en trois fois neuf colonnes d'un mètre de haut dans un coin du salon (même qu'ils commencent à gondoler sérieusement avec l'humidité et que ça rend le monument instable, pas pratique cette affaire). On a bien buté toutes les fourmis qui semblaient avoir des velléités de conquête de salon, on a récupéré deux trois meubles indispensables (table basse et clic clac défoncé pour boire des bières confortablement) chez Emmaüs, on les a retapé tant bien que mal en mode "le kitsch, c'est la vie", on a accroché le drapeau arc en ciel bien en évidence sur un mur et on s'est fait un petit coin "BD/manga/cul" là où c'était indispensable. On a envahi l'espace, après avoir nettoyé la merde que les anciens locataires avaient laissé dans la place. Les pseudo joints refaits de la salle de bain n'ont pas fini de se barrer, mais ça ne va pas tarder. Cela dit, on est bien quand-même. Non mais oh !
Une fois nos tranchées creusées, il a bien fallu se mettre aux choses sérieuses. C'est ainsi que je me suis attelée, il y a genre quinze jours, au boulot. Et là on rigole moins. Parce que ça fait peur tout ça, en fait.
Ca fait peur de devoir se mettre à plancher sur des sujets dont on ignore tout à peu de chose près, et de se dire qu'on va devoir ingurgiter tout ça en quelques mois pour être capable non seulement d'avoir l'air convaincante à l'écrit de "culture G", mais aussi de se défendre en version de latin et d'avoir l'air à la fois impliquée et bien propre sur soi aux oraux (some of them in english please). C'est pas rassurant d'avoir à se pencher sur La Mondialisation de la communication par Armand Mattelard, éd. PUF, coll. Que sais-je ?, ou encore L'Économie de la culture par Françoise Benhamou, éd. La découverte, coll. Repères sans les habituels filets institutionnels. C'est déprimant de se rendre compte qu'on a pris sans trop de douleur le rythme "tôt levée tôt couchée" et Arbeit macht frei toute la journée, c'est pas facile de se faire au fait de ne plus avoir d'activité sexuelle quotidienne et de sessions picole hebdomadaires. C'est emmerdant de ne plus avoir de potes, tiens, aussi, surtout quand on sait qu'en temps normal il me faut environ trois ans de fréquentation assidue d'un univers pour m'en faire. C'est flippant de se dire que, pour une fois, on pourrait se planter en beauté : certes, l'autodidaxie, on aime bien... mais ça n'empêche pas de claquouiller des genoux à la perspective de se prendre son incompétence en pleine poire. Sachant qu'au passage, il ne faut surtout pas oublier de rassurer Femelle qui, perdue dans l'obscurité la plus complète quant à son avenir proche et noyée dans l'élitisme affreusement mal placé de quelques-uns de ses enseignants, se voit en rebut de l'humanité juste bon à être jeté au broyeur d'ordures et à aller au lit à 18h30, comme les poules et comme les vieux. Bref, on comprendra pourquoi je reporte environ trente fois par jour mon attention sur la classification Dewey ou sur le tableau périodique des éléments de Mendeleïev : c'est abrutissant, ça fait du bien.
Et bon sang, je lis Le Monde... paye ta déchéance.

Elle s'annonce rugueuse cette année tiens.
Voulez pas venir boire un p'tit coup à la maison ? Y a du blanc, du rouge, du saucisson.

Ecrit par kaleria, le Jeudi 22 Septembre 2011, 19:33 dans la rubrique "# Niouzes".

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