God save the gouines.

Toilettes, chapitre 9 : détermination (ou pas).

A peine encore un mois et demi à pouvoir se la couler douce au pays de Candy. D'ici là, peut-être qu'on se sera rendu pleinement compte de la difficulté de transbahuter les deux biblis pleines ras la gueule de trucs et de machins déjà triés quinze fois donc irréductibles ET indispensables (vous ne m'enlèverez pas les Confessions de l'autre con en version intégrale non madame, ni le Criton, sachant qu'un mystérieux connard ou qu'une énigmatique conasse m'a déjà amputée de l'Éloge de la Folie. Par contre, je vous refile les Dolto et les Levy quand vous voulez). Dans le même ordre d'idée, les vieilles vestes en faux velours que je portais au lycée ne me vont plus (alternative : elles ne m'allaient déjà pas à l'époque mais ça ne me dérangeait pas de me trimballer avec la moitié des avants bras à l'air). Dans le temps j'en avais une façon Libertines, on la regrette bien maintenant, la malheureuse, elle aurait fait sensation au prochain mariage de ma sœur (qui n'a pour le moment que dix-sept ans mais on sait jamais ces choses-là arrivent aussi vite qu'une grossesse non désirée).
Du coup on s'est fait une belle feuille, avec des lignes et tout et tout, des chiffres, dates et quelques conneries pour dédramatiser la situation. Un planning, quoi. La Chute.
Réussi à se mettre d'accord pour abandonner le presse-purée dans l'aventure.
Même qu'il faudrait déjà se mettre à faire des cartons. Qu'il faut trouver du carton. Et que ça m'enquiquine. Si ladite matière pouvait arriver direct devant la porte ça m'arrangerait. Je vais payer des déménageuses, on trouvera toujours moyen de moyenner.
En attendant, entre deux voyages infructueux au dépôt-vente local, je tourne en rond dans ma cage dorée et change d'avis toutes les deux minutes, entre deux crises de larmes hystériques. Ce qui n'énerve pas encore profondément mon entourage, mais ça ne saurait tarder.
95% de l'humanité occidentale est juste bonne à regarder Plus belle la vie en mangeant des chips au vinaigre, ce qui ne l'empêche pas d'avoir gagné le droit de me marcher sur la gueule.
Perplexité ostentatoire, haussement du sourcil droit. Quoi, ma gueule ?
Ca sent la fin d'une époque : les gens se cassent les uns après les autres pour aller habiter à Namur ou Trifouillis-sur-Mère-Noël, Croutte-sur-Marne ou Conchy-les-Pots (authentiques), Paris ou la province. Avec Pierrette, Paulette ou Jacqueline.
Je n'serai sans doute plus jamais étudiante, ce qui est tout de même un peu bête quand on se dit qu'il s'agit incontestablement du truc qui me réussit le plus dans la vie.
La reconversion derrière la caisse du Lidle local risque d'être compliquée (non pas que je crache sur les caissières, m'enfin y a tout de même plus enrichissant comme boulot, et surtout moins dangereux : les clients mordent souvent et la tendance à essuyer ses pattes sur tout ce qui porte blouse de travail de couleurs passables à médiocres a tendance à se généraliser).
Il y a des trucs que je n'aurai pas concrétisé alors que ça m'aurait sans doute bien plu. Regrets, remords ?
(Ce que j'ai faim, bordel...)
Je dis oui, je dis non, je plante les gens, m'enferme dans ma tour d'ivoire en forme de 30 mètres carrés (la surface habitable se rétrécissant à mesure que j'essaie de ranger) et re-plante les gens, au sens propre bien que de manière imaginaire cette fois. Je m'épanouis en tant que ménagère de moins de 25 ans ayant découvert les bienfaits de l'aspirateur. J'aimerais pouvoir le garder comme un pauvre chaton trouvé sur le rebord de l'autoroute un beau soir d'août, mais sa maîtresse risque d'en avoir besoin un jour (si c'est pas dans un mois ce sera dans deux). Retour maison, donc.
Il serait de bon ton de passer à l'action. Ton sur ton. Rassemblement de thons. Esprit de groupe. Normalisation AAAAAHAHAHAHAHA, et puis quoi encore ? Ricanements, baskets Lacoste dans ma face (je m'en fous, je trouve ça moche les baskets, surtout si elles sont chères). Esprit de groupe. Mêmes sapes mêmes remarques mêmes constats, mêmes greluches baisées à la va-vite dans les chiottes de la boîte locale, mêmes conasses fardées pomponnées puantes de sucré retrouvées tous les soirs aux orées des plumards. Esprit de groupe et rien dans la calebasse. Allô, allî allô, y a d'la merde dans l'tuyau ?
Si je pouvais me colleter un peu avec les choses ça irait mieux, ça m'éviterait de remarquer les gens.
J'ai même laissé ma libido au placard, je vous laisse imaginer.
Plus tard.

Ecrit par kaleria, le Vendredi 15 Juillet 2011, 12:37 dans la rubrique "# Niouzes".

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