Minute bouquin.
Aujourd'hui, la maison vous recommande (chaudement) la lecture de Crépuscule Ville, dernier roman d'une certaine Lolita Pille, déjà évoquée par ici : j'avais apprécié son premier (Hell, ayant d'ailleurs inspiré un film sur lequel j'avais tiré à boulets rouges il y a quelques mois), le suivant m'avait plongée dans un ennui abyssal. Ce coup-ci, la madame se renouvelle en beauté, livrant un genre de dystopie futuro-barrée (comme il se doit), à ranger aux côtés (bien qu'un poil en retrait tout de même) du fabuleux Nous Autres (E. Zamiatine) et des archis-connus Fahrenheit, 1984 et Meilleur des Mondes.
Dommage que viennent se glisser une romance embryonnaire soutenue à coups de champs lexicaux niaiseux au possible, que certains personnages paraissent bien trop humains sans faire assez "personnages" justement, et que certaines excellentes idées ne soient pas assez développées à mon goût (je pense notamment à un passage de brûlure en masse de barbaque obèse fraîchement décédée, pratique au sujet de laquelle nous n'avons aucune précision de type "comment, pourquoi", ce qui est bien dommage vu le potentiel dégoût que pourraient susciter les éléments de réponse).
Mais tout de même, il y a de très bonnes choses dans ce petit bouquin. Un peu du même acabit que 99 Francs en somme, bien mais pas tout à fait réussi... un peu trop, et en même temps pas assez. Encore une lecture qui n'est pas faite pour m'aider à calmer mes angoisses sociales.
Extrait :
"Je vais te dire, reprit Carrie, c'est peut-être une connerie et je ne peux pas prétendre que j'en suis intimement convaincue mais quelque chose me dit que c'est la vérité, peut-être, je ne sais pas, tout simplement l'air du temps. Le cerveau et le coeur sont des organes passés de mode. Espérons pour les générations à venir, qu'on s'en débarrassera comme d'une pilosité superflue. Je vais m'offrir des jambes d'un mètre, un nouveau visage et des yeux violets. Je vais atteindre le poids d'une ombre en me laissant crever de faim grâce à cette drogue merveilleuse. J'espère qu'elle liquidera chez moi autant de neurones que de graisses. Je serai en très mauvaise santé, abominablement frustrée et complètement abrutie. Je serai épargnée par la puberté. Je serai esthétique et impitoyable. J'aurai les yeux vitreux et on prendra ça pour du mystère. Je n'aurai plus à rougir des mes élans envers les autres comme d'une maladie honteuse puisque je n'aurai plus ni la force, ni la faculté d'en éprouver. Je serai un objet de désir. Le néant dans une cosse magnifique. Et je serai heureuse comme seuls les imbéciles et les salauds savent l'être."
A côté de ça, dans un registre un peu plus images et un peu moins pavé, je suis en train de lire, et surtout d'admirer, les quatre tomes de la Tétralogie du Monstre (Enki Bilal). Et c'est ENEAURME, juste énorme.
Edit : hier, ici-même, "testicules dans l'anus". Aujourd'hui, "gouines dégueulasses" et "tampon insertion crade". Miam.
Ecrit par kaleria, le Lundi 2 Août 2010, 21:01 dans la rubrique "# Niouzes".