Avant-hier, j'étais chez ma grand-mère
pour l'un de ces incontournables déjeuners bi-z'anuels monnayant les billets de vingt euros à la mesure de l'énervement réfréné.
I'm joking : je suis parfaitement consciente qu'on ne saurait changer des mentalités âgées de plus de huit décades, même si elles sont d'une connerie à lézarder les murs. En conséquence de quoi, je sais me contenter d'opiner bruyamment du chef (c'est que la partie masculine de l'entité grand-parentale souffre d'une surdité prononcée avec laquelle il faut négocier) tout en évitant scrupuleusement d'ôter ma chemise, acte qui pourrait dévoiler un fort méchant tatouage remontant sur la nuque, et en m'engageant régulièrement à respecter cet accord de longue date et même pas tacite en vertu duquel, ma fille, tu ne manqueras jamais de rien si tu fais bien ton boulot, qui est de ne pas te planter, jamais, never, pas le droit (et de ne pas prendre de drogue, mais ça, on n'est pas obligés d'être mis au courant).
Ah, oui, il est aussi stipulé dans ton contrat que tu devras reprendre de chaque plat, au minimum deux fois, quitte à en être malade le soir venu et à te réveiller avec deux kilos supplémentaires au niveau des hanches le lendemain matin. Car honorer la marmite, ça se fait.
J'y parviens, oui oui. Simplement, j'ai du mal à supporter un contact physique venant de ces gens, et je n'arrive pas à les regarder dans les yeux. Triste.
Grâce à Dieu (dont on aura bien assez entendu parler cette après-midi là), il y avait également mon paternel. Ce qui nous aura permis, allez, deux francs fous-rires, et un certain nombre de grands sourires en coin, mal cachés derrière la bouteille de Perrier.
Retenons les deux citations suivantes :
-"tu sais, j'en parlais une fois avec Machin, de la création de la terre, et j'étais, c'est normal, d'avis que c'est le bon Dieu qui a tout fait, alors que lui c'était plutôt, tu sais, le fameux Bang." (A cet instant précis, je n'ai pas pu m'empêcher de m'emparer de la bouteille de Perrier précitée pour faire mine de tirer dedans comme je ne sais quoi, en faisant glouglou -et tout et tout-, ce qui n'était pas très convainquant, mais bien suffisant pour permettre à cette discrète allusion d'être comprise, pas par tout le monde, mais quand-même.) Ah ben oui, avec ça la terre tu la vois de toutes les couleurs, et même d'avantage.
-"ce petit con de Sarkozy, son histoire de [insérer ici un fait d'actualité récent, voire actuel, dont je ne me souviens pas], c'est du buffle". Comme au poker, je buffle, tu buffles, etc. Meuh.
Au bout du compte, j'ai tout de même réussi à éviter de repartir chargée d'une tonne de merdouilles inutiles, genre deux plaids, un agenda-calepin-répertoire-personnaliséauxcouleursdesTroisSuisses (fait aussi porte-cartes et allume-cigare), trois ou quatre bouquins sur la Bible, un mini dictionnaire, et plein d'autres surprises. Sans trop me faire emmerder, aussi : les trois premiers piercings semblent être digérés, reste à voir si le tatouage dans l'cou et le quatrième trouage de peau sur la gueule seront appréciés dans six mois.
D'ici là, respirons. Et répétons-nous avec conviction que oui, nous pouvons beaucoup apprendre des anciens, notamment ce que nous ne voulons surtout pas faire.
(Petite musique de circonstance, pour finir.)
Ecrit par kaleria, le Jeudi 3 Septembre 2009, 04:23 dans la rubrique "# Niouzes".