Pavé César.
--> Comme dirait l'autre.
En pleine période de travail intensif@t'as intérêt à aimer te prendre la tête sur des sujets qui ne t'intéressent pas par simple curiosité scientifique si tu ne veux pas finir par péter un câble et te mettre à démembrer des chats aux heures les plus sombres de la nuit, la nouvelle est tombée.
Après un vote d'une terrifiante utilité, il a été décidé en AG (Assemblée Générale pour ceux qui n'auraient pas la chance de connaître, autrement dit une réunion à laquelle on a voulu donner des allures officielles en lui collant un sigle pas trop dur à prononcer) que, dans un élan de folle largesse, le semestre serait accordé à tous les étudiants, avec une moyenne de 12 pouvant éventuellement (il faudra sûrement une douzaine d'autres votes afin d'établir la chose) être réhaussée pour les jeunes courageux ayant rendu les trucs demandés.
Et puis quoi encore ?
Alors comme ça t'apprends que tu t'es bien cassé le cul, et que tu te le casses encore d'ailleurs, parce que mine de rien t'aimes bien finir un travail commencé et le finir correctement, six heures every night depuis trois semaines, pour de la merde, une moyenne qui sera peut-être montée de quelques demi-points, points, quarts de point, t'en sais rien.
Déjà ça, dans l'idée, c'est assez énervant.
(Vous me direz, qu'est-ce que six heures dans une journée hein, sale gosse, pourrie gâtée, chochotte des temps modernes, produit du capitalisme schwarzeneggerien. Ce ne sont certes pas six heures passées à glander derrière un bureau, à répondre au téléphone, à trier des papiers, à faire passer de la bouffe sur un tapis roulant ou à plier des cintres. Ce sont six heures occupées à se prendre le choux sur une allitération mystérieuse, un essai critique incompréhensible ou une formulation maladroite. Ca ne sert à rien, ça ne nourrit pas, ça ne forme pas de futurs battants, fers de lance de l'économie, gagnants au sommet de l'échelle sociale. Ca produit des espèces de fous inutiles, dont la curiosité -vilain défaut- est à la hauteur de l'esprit critique -agitateur-, et qui ont l'air à trente ans d'en avoir dix de plus. Comme quoi ça fatigue un peu quand-même.)
Après, il faut bien comprendre aussi que ce n'est pas parce que deux cents clampins ont voté ce joli programme qu'il va passer, loin de là. Venez aux AG, tapez vous les opinions de ceux qui gueulent le plus fort faites entendre votre voix, votez, grand bien vous fasse. De toute manière votre vote c'est de la merde, vous n'avez aucun poids véritable sur les décisions qui seront prises.
C'est pas plus mal tu me diras, parce qu'il ne faut pas déconner non plus, les gens qui ont un foutu dossier à déposer ailleurs pour l'année prochaine, après leur licence, ils vont faire comment avec leur diplôme au rabais ? Prendre une année sabbatique pour le repasser dans les règles de l'art ? Et s'il faut présenter des notes, vu que même celles du premier semestre sont encore retenues, on fait comment ? On dépose un dossier vide avec une belle photo d'identité où on a une gueule de premier de la classe pour prouver sa bonne foi ? On va directement voir les DRH des écoles trucmuches avec des fleurs, des chocolats et une montre en or ? On attend encore ces notes de merde une année ou deux en bossant au Quick pour pouvoir enchaîner ensuite ?
(Non parce que toutes les facs ne se sont pas touché la nouille pendant quatre mois, et c'est pas les candidatures qui manquent dans les écoles de ceci et de celà, la sélection elle sera vite faite.)
Fallait y penser un peu avant de commencer à vouloir révolutionner la planète. Maintenant qu'on a passé un semestre à glander et que le problème des partiels se pose pour de bon, dans l'urgence évidemment, c'est trop dur d'imaginer se mettre à bosser sur des cours qu'on préfère voir tomber tout cuits dans son bec. Nan, vaut mieux, peut-être, retaper une année, de toute manière c'est pas bien grave, c'est papa et maman qui allongent la thune derrière, puis la fac c'est pas si mal, on est un grand maintenant, on est quand-même assez libre, on est plus obligé d'aller en étude pendant les (nombreuses) heures de trou, on peut aller picoler dans la cours à la place.
Alors bon, on va voter une énormité pareille, qui de toute manière n'a que des chances quasi-nulles de passer, et qui handicapera à coup sûr certains étudiants, voire la totalité, parce que bien entendu, vu que ça ne passera pas, finalement il faudra quand-même se mettre à bosser, et tout ce à quoi ça aura servi ces belles idées au bout du compte, ça sera à ralentir encore un peu plus la leeeeeennnnnnte machine administrative.
On aura nos putains de notes en 2030.
Je comprend bien qu'il faille se bouger le cul pour, contre des trucs et des machins, d'ailleurs je milite activement depuis mon lit. Mais que ça vienne couiner au moment de se mettre à bosser alors que le blocage de la fac n'est pas venu de rien, ça m'horripile.
Le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la beurriste.
Ca me rappelle un peu l'époque du bac, tous ces gens ayant passé l'année à picoler et à sècher les cours pour se dorer la pilule au soleil. On avait tous fait la même chose d'ailleurs, on aurait eu tort de se priver. Sauf qu'à la fin pour sauver les meubles il n'y avait plus personne, c'était la panique totale et si on avait pu se cacher derrière les jupes de sa mère on s'en serait pas privé.
Il y a eu quelques déçus cette année là. Alors que franchement, il faut être demeuré pour planter un bac L, ou vraiment le vouloir, et dans ce cas-là on ne vient pas pleurer après. Mais bon.
Même chose pour nos beaux intellectuels en devenir finalement.
Comment peut-on se dire responsable et avoir peur des responsabilités ?
Tout ceci sur une jolie musique, ici, ici, ici et encore ici.
Et là.
Ecrit par kaleria, le Mardi 5 Mai 2009, 03:31 dans la rubrique "# Niouzes".