Il y a...
Il y a des histiores que j'aimerais raconter depuis longtemps, et pourtant je ne les raconterai jamais. Des histoires avec des gamines comme héroïnes, toujours, parce qu'il n'y a que ça qui puisse me permettre de sortir quelque chose. Des histoires qui parleraient de ce que ces, cette (puisque dans le fond ce serait toujours la même, et que ça ne servirait à rien de lui faire porter plusieurs noms, personne ne serait dupe et surtout pas elle-même) gamine inventerait, des histoires qu'elle raconterait à la première personne, ou peut être à la troisième, ça n'aurait pas la moindre importance, tout le monde saurait très bien de qui il s'agirait. Des histoires qui seraient écrites d'un trait, pas travaillées du tout, parce que dans le fond elles seraient dites et pas vraiment rédigées. Des histoires qui perdraient de leur substance à être posées à l'écrit (celles que je me raconte à moi-même tranquillement, mais qui ne semblent être pour personne d'autre puisqu'elles ne se laissent pas raconter). Des histoires qui diraient, avec un vocabulaire simple et direct, des choses qu'une gamine ne peut pas savoir mais comprend sans problèmes, ne peut pas admettre mais est obligée de vivre. Ca irait bien au delà du quotidien que je me contente d'évoquer ordinairement, où l'apparence fait son petit bonhomme de chemin jusqu'à règner sur à peu près tout (y compris ?). Ca serait comme de regarder par dessus son épaule en ayant peur de voir ce qu'il y a derrière soi, tout en sachant qu'il le faut, y a pas le choix, l'angle du mur est trop fermé pour rester là à le regarder éternellement. Et derrière il y aurait... Gwen, l'autre, une porte ouverte, quelqu'un ou quelque chose ? Ca serait entier, pas comme cette espèce d'auto-parodie haineuse à laquelle je me suis habituée jusqu'à être incapable de faire autre chose (écoute moi bien, tu ne le perçois pas, cet aspect là ?). On pourrait se dire que c'est dommage, et toutes ces lamentations pittoresques auxquelles tout l'monde est plus ou moins habitué et sait réagir de manière dite appropriée (il faudra m'expliquer, pourquoi et comment... et aussi quand) feraient bon train, on pourrait aussi se dire que c'est normal, qu'il faut bien grandir un jour, et que finir vieille et aigrie, c'est une bonne fin, c'est économique, et l'économie, c'est la Vie, on pourrait aussi ne rien se dire du tout, pour changer, que chacun lave son linge sale en famille, les vaches seront bien gardées et les enfants dormiront sur leur deux oreilles cette nuit. On pourrait aussi n'en avoir rien à faire. Ca me toucherait pas plus que ça, et elle non plus d'ailleurs. Elle s'en foutrait, elle aurait son existence à elle, tranquillement, elle serait intouchable, elle vivrait en elle-même, son univers serait le sien (flammes, verre, magie, métal, et des portes, des portes partout). Elle aurait des cheveux longs et sombres, des yeux bleus, et pas plus de dix ans, elle n'aurait rien d'original, si ce n'est qu'elle existerait sans exister. Elle en est déjà là d'ailleurs, mais personne ne le sait (est-ce une preuve ? est-ce que la question se pose ? est-ce qu'il y a une question ?). Dans son monde il y aurait du vent, de la neige, des vieilles bâtisses et beaucoup de solitude, et aussi des gens qui n'en seraient pas vraiment. Et un piano, enfin, qui parlerait à la place de voix inexistantes, pour dire des choses qui ne s'écoutent pas.
Ecrit par kaleria, le Samedi 9 Février 2008, 17:08 dans la rubrique "# Niouzes".